Une Eglise vivante. Sacrement de Jésus Christ.
Nous fêtons la dédicace de la Basilique du Latran qui est la cathédrale de l’Evêque de Rome : la mère des églises…La Parole de Dieu nous invite à entrer un peu plus avant dans le mystère de l’Église, mystère que nous aurons toujours à approfondir.
Le prophète Ezéchiel dans une image vivifiante nous parle d’une source qui jaillit du sanctuaire du Temple et qui devient un fleuve de vie qui purifie et féconde les eaux mortes et donne la vie aux arbres fruitiers et aux poissons de toutes sortes…
Saint Jean, lui, nous parle de la purification du Temple par Jésus, ce lieu de prière sacré qui était devenu un lieu de commerce : il chasse les marchands de bœufs, de brebis et de colombes et renverse les tables des changeurs. Et pourtant il fallait bien tout cela pour réaliser les sacrifices prévus par la Loi et il fallait bien changer l’argent impur des occupants romains en une monnaie acceptable pour le Temple…
Au-delà de cette opposition à ce trafic qui avait lieu dans le Temple, il semble bien que Jean vise le changement de culte opéré par la venue de Jésus. Jean parle de cet évènement au début de son évangile, alors que les évangiles synoptiques le font à la fin, peu avant la passion. Ce geste violent et prophétique se situe juste après le signe de Cana qui parle lui aussi du changement de l’eau prévue pour les ablutions du culte en vin nouveau pour l’Alliance Nouvelle. Là Jésus dans une action et une parole prophétique annonce la fin du Temple (qui est déjà détruit au moment où l’Evangile de Jean est mis en forme) et la venue d’un Temple Nouveau à travers sa mort et sa Résurrection : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai » (commentaire de l’Evangéliste : « mais lui parlait du sanctuaire de son corps. »
Désormais, c’est le Christ ressuscité qui est le Temple de Dieu, la Présence de Dieu au cœur de notre humanité qu’il a voulu épouser et pour laquelle il a offert sa vie par amour. Comme aime à le rappeler Maurice Zundel la vocation de l’Église c’est de devenir le Sacrement de Jésus Christ. De nous le révéler, de nous aider à l’accueillir pour que nous en vivions. L’Église n’a pas à s’encenser elle-même mais à nous conduire au Christ qui nous conduit au Père.
Et saint Paul dans la 1° Epitre aux Corinthiens nous révèle que, nourris et habités par le Christ, nous devenons nous mêmes le sanctuaire de la Présence de Dieu. De ce fait nous avons à respecter, à protéger et à favoriser la croissance de tout homme qui est habité par l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu.
Ce Mystère est grand et nous aurons toujours à demander la grâce de passer de l’église de pierre, de l’église des structures et des rites extérieurs à l’Église comme Présence de Dieu en son Fils Jésus Christ qui nous invite à prendre soin de notre humanité en chacun de ses membres…
Nous n’aurons jamais fini d’apprendre à aimer nos frères comme Dieu nous aime en Jésus Christ…
Béni soit son nom !
Frère José Kohler