La femme adultère
« Voici que je fais une chose nouvelle » nous dit Isaïe. N’est-ce pas l’annonce de Jésus avec la nouveauté de sa Parole. Regardons cette nouveauté dans l’Evangile de ce dimanche. Quel choc impressionnant entre sainteté et péché ; entre silence et parole ; entre lumière et ténèbres ! Choc entre celui qui est assis et ceux qui accusent debout. Choc entre le doigt accusateur et le doigt qui trace des traits sur le sable. Choc entre le cœur de pierre symbolisé par la pierre dans la main et le cœur qui sera bientôt ouvert parce qu’il a trop aimé.
Et pour reprendre le mot de St Augustin: « C’est le choc entre la misère et la miséricorde » C’est la même racine mais la miséricorde tel un manteau couvrira la misère, mieux la fera fuir, l’effacera, la brûlera. Regardons maintenant les personnages de ce drame: Il y a d’abord Jésus qui est assis et qui enseigne. Il est au temple dès le point du jour. Autour de lui, le peuple qui écoute.
Arrivent les spécialistes de la Loi, bardés de certitude, de dureté. Ils veulent prendre au piège Jésus. Nous avons alors 2 cercles: Un cercle de clarté habité par ceux qui écoutent la parole avec la Parole faite chair. Un cercle ténébreux d’où montent des cris, et ce désir de se rincer l’œil, avec le piège dont ils espèrent faire tomber Jésus. Dans un des cercles, le Christ parle de ce temple nouveau dont chacun doit être une pierre vivante.
Dans le cercle ténébreux des hommes s’avancent en portant dans leurs mains des pierres pour donner la mort. Au milieu du cercle, une femme tremblante… Mais, où donc est l’homme qui l’a séduite?… « Moïse nous a prescrit dans la Loi de lapider ces femmes là. Et toi, qu’en dis-tu? » Impossible alternative. Le piège est parfait! Que va t-il faire, à présent, celui qui déclare:« On vous a dit… moi je vous dis…. »
Jésus ne peut que se taire : Quand le cœur de l’homme s’endurcit au point, non seulement de condamner une coupable mais encore d’accuser, par elle, un innocent, la Parole de Dieu est réduite au silence et l’Esprit ne peut plus passer. Dieu lui-même, est impuissant. Le Père se tait… Le Fils trace des traits sur le sable mouvant. Compte t-il les adultères de ces hommes ?
.Comme le Seigneur sait nous dire des choses dans le silence divin qui suit chacune de nos fautes. Et puis, juge-t-on du haut d’une estrade la pauvre histoire des cœurs ?…. Envoie-t-on les sentiments aux Assises?…. Aux yeux de Jésus, il y a moins d’impudeur en cette femme hagarde et perdue qu’en la faction compacte et barbue qui accable sa tremblante solitude. « Ne jetez pas la pierre sur la femme adultère, je suis derrière » chante Brassens !
Mais comme ils insistent, Jésus se redresse et droit dans les yeux, les regarde tour à tour: « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre ». La défense a parlé ! Il faut être Dieu pour trouver une réponse pareille. « Réponse de lumière » s’écriera St Augustin et il ajoutera : « Ils voyaient l’adultère mais ils ne l’observaient pas en eux-mêmes »
Que jettent donc, à présent leur pierre, les mains innocentes, les yeux purs, les cœurs purs !! Soudain, les bras retombent, les regards se baissent, les pierres, unes à unes, glissent des mains. Ils s’en vont l’un après l’autre et l’Evangéliste a cette pointe d’humour, d’expérience : « En commençant par les plus vieux » Dans ma jeunesse, je disais « Bravo » ! Aujourd’hui, je baisse la tête également.
Et Jésus se retrouve seul au milieu du cercle avec la femme. Ils ne sont plus que deux : La misère et la Miséricorde.
Mais, une parole doit encore être donnée à cette femme purifiée par le regard d’Amour: « Va, et désormais ne pèche plus »: Ne reste pas là, avance… Quelle que soit ta vie, ton passé, tes blessures,… avance ! Il y a toujours un chemin…
Et, de ce cœur avide d’aimer il fit un cœur capable d’adorer.
Frère Max de Wasseige
