Homélie du dimanche 5 octobre 2025, 27ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C, du frère Max de Wasseige

La famille franciscaine fête l’anniversaire des 800 ans du Cantique des Créatures.  Le Pape François, il a y  dix ans, l’a remis à  l’honneur dans sa fameuse  encyclique Laudato Si.  Les premiers mots de son encyclique commencent ainsi : « Loué sois-tu, mon Seigneur », chantait saint François d’Assise. Dans ce beau cantique, il nous rappelait que notre maison commune est aussi comme une  sœur, avec  laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère,  belle,  qui nous accueille les bras ouverts ». Hier, nous avons célébré avec une grande joie cet anniversaire avec le diocèse.  

Le Cantique de François n’est pas l’expression d’un romantisme juvénile, d’une admiration facile de la beauté de la nature. Il a été composé à la fin de la vie de François,  il a reçu les stigmates, il est affaibli, il est presque aveugle. Il se repose à Saint Damien là où vivent Sainte Claire et ses sœurs. Il a du mal à dormir, les souris le dérangent la nuit… Mais dans cette nuit, il reçoit une parole qui va le réconforter : « Dès maintenant vis en paix  comme si tu partageais déjà mon royaume ! »

Alors au matin il compose son Cantique non en latin, qui est le langage des clercs, mais  en ombrien, ancêtre de l’italien actuel. François est un poète, il voulait que lui et ses frères soient des  jongleurs de Dieu et aillent chanter le cantique pour inviter les gens à louer le Seigneur. Et à louer dans toute sa création.  

Donc,  avant de chanter son Cantique, François a dû se laisser complètement re-construire,  re-naître. Et cela n’a  pas été facile pour un tempérament comme le sien. Cette renaissance a pris du temps. Il lui a fallu quitter ses rêves de gloire, sa terre et même ses frères. Mais Dieu était là, lentement il a tissé sa toile avec des fils d’amour. Et François s’est laissé faire ! Rien n’a été cassé, tout a été restauré, transformé.  

Quel chemin entre François, qui dans le magasin de son Père considérait tout sous l’angle de la valeur marchande, et François réconcilié qui s’est laissé remodelé par Dieu pour retrouver la création première. C’est ainsi qu’avec le regard émerveillé de l’enfant, François redécouvre la splendeur du soleil, l’éclat des étoiles, le murmure de l’eau, l’impétuosité du feu et l’humilité de la terre.

Mais le secret de François n’est-il pas de poursuivre la trace du Bien-Aimé dans toute sa création ? Et comme le dit très bien Saint Bonaventure : « Il savait dans une belle chose, contempler le Très Beau et poursuivait  à la trace son Bien-Aimé en tout lieu de sa création, se servant de tout l’univers comme d’une échelle pour se hausser à atteindre Celui qui est tout désirable »  Voilà le secret de François ! Pour lui la création est un vaste livre où il lit la signature du Créateur. Contempler la beauté et la bonté de Dieu dans la création est peut-être la plus grande conversion que nous avons à faire aujourd’hui !

Ce huit centième anniversaire du Cantique du frère soleil nous pousse aujourd’hui à nous poser deux questions :

  • Avons-nous le souci d’accueillir la création comme un don de Dieu ?
  • La création n’est pas une chose à posséder, à consommer, encore moins à détruire. Nous commençons à prendre conscience qu’il nous faut de plus en plus développer une attitude responsable. Avons- nous un respect humble et fraternel pour toute créature ?

Frère Max de Wasseige

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