MISSIONNAIRES DE L’ESPERANCE
2e dimanche de Pâques (Jean 20, 19-31)
« À Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple. […] La foule accourait des villes voisines de Jérusalem, en amenant des gens malades ou tourmentés par des esprits impurs. Et tous étaient guéris. »
Qu’est-ce qui a donc pu transformer à ce point les Apôtres, eux qui, il n’y a pas si longtemps, demandaient à Jésus de renvoyer la foule affamée à la fin d’une longue journée de prédication ? Les voici accueillants à tous, témoins de la miséricorde en actes.
Sans doute faut-il aller chercher la réponse dans l’évangile de ce dimanche. La mort de Jésus a laissé les apôtres totalement désemparés. Quelque chose s’est brisé en eux. Il ne reste rien de cette formidable espérance qui les animait depuis trois ans. Mais ces hommes sont également broyés par la culpabilité. Ne se sentent-ils pas en partie responsables de la mort de Jésus, qu’ils n’ont pas su ou pas pu défendre, fuyant lamentablement au moment même où le Maitre avait tant besoin d’amitié et de réconfort ? Une partie d’eux-mêmes est morte en même temps que Jésus.
« Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » Il les rejoint au cœur de ce qui fait leur vie, leurs espérances déçues, leurs blessures. Il se rend présent, simplement. Je l’imagine commençant par regarder longuement chacun des apôtres. Un regard de pardon et de paix.
« La paix soit avec vous. » Une digue se brise alors en chacun de ces hommes, les larmes montent quand ils réalisent en même temps leur radicale misère et l’amour infini dont ils sont aimés. Ce sont des larmes de libération. Ils peuvent enfin s’abandonner à cet amour-là. Comme autrefois la femme adultère. La misère du péché a été recouverte par la miséricorde de l’amour.
« Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. » C’est un homme encore tout plein des cicatrices de sa Passion qui se montre aux disciples. Un homme blessé qui vient apporter la paix du cœur à d’autres hommes blessés. Ainsi donc, nos blessures deviennent le lieu même de la rencontre avec le Ressuscité.
« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » La mission du Fils devient la nôtre, lui qui est venu non pas juger le monde mais pour que le monde soit sauvé, afin que pas un des ces petits ne soit perdu. Comme le Fils, avec le Fils, nous voici appelés à devenir témoins de la miséricorde divine. Le Pape François avait cette très belle expression : « La Miséricorde est un voyage du cœur aux mains… Il faut se laisser blesser le cœur par la misère de l’autre. »
« Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Là encore, pour bien comprendre la mission des disciples, il faut se souvenir de l’épisode de la femme adultère : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette le premier la pierre. » Comment les disciples, qui viennent de faire l’expérience de la paix offerte par-delà leur misère pourraient-ils entrer dans la posture du juge tout-puissant détenant les clés du Royaume ?
Seigneur Jésus, ressuscité,
aujourd’hui encore, tu viens à notre rencontre.
« La paix soit avec vous. »
Donne-nous d’accueillir cette paix que tu nous donnes
par-delà notre péché et de nous laisser transfigurer par elle.
Donne-nous d’accueillir la mission que tu nous confies
d’être des missionnaires de ta miséricorde.
Frère Nicolas Morin
