JESUS NOUS RENCONTRE SUR LE RIVAGE. (Jean 21)
Ce chapitre 21 semble avoir été rajouté à l’Evangile de Jean car il y a au chapitre 20 une véritable finale, mais il figure dans toutes les versions de cet Evangile.
On passe subitement des manifestations de Jésus à Jérusalem à une manifestation au bord de la mer de Tibériade.
Tout semble reprendre comme avant, au début de l’Evangile. Les disciples désemparés par la mort de Jésus reprennent leur métier de pêcheurs sur la mer de Tibériade. Et c’est Pierre qui est à l’initiative, sa présence marquera tout le passage. Mais les disciples par leurs propres efforts ne pêchent rien, au matin leurs filets sont vides. « Or cette nuit-là, ils ne prirent rien. »
Et voilà que Jésus les précèdent sur le rivage « mais ils ne savaient pas que c’était Jésus », comme Madeleine au tombeau. Cet homme les interpellent de manière familière et affectueuse « mes enfants auriez-vous quelque chose à manger ? » Et il les invite à jeter à nouveau les filets avec assurance et confiance « jetez les filets à droite et vous trouverez ! » et ça marche ! Au delà de toute attente. « Et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer tellement il y avait de poissons »
Et c’est le disciple que Jésus aimait qui comprend le premier le Signe et reconnaît Jésus : « C’est le Seigneur », titre que l’on donnera au Christ ressuscité. Alors Pierre est bouleversé et réagit comme à son habitude avec fougue, il passe un vêtement et se jette à l’eau.
Et voilà que sur le rivage, « disposé-là, un feu de braise avec du poisson posé dessus et du pain » Tout est prêt, mais Jésus veut avoir besoin du fruit de leur travail « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre… » Et Simon Pierre qui retrouve son nom d’avant son appel et son rôle de patron tire jusqu’à terre le filet plein de gros poissons « Il y en avait 153 » (curieux ce chiffre, sans doute le nombre d’espèces reconnus par les grecs de l’époque, saint Augustin dira que c’est mystérieux et que cela représente la somme des chiffres de 1 à 17!) Il semble que cela signifie la totalité, la totalité des poissons et la totalité des hommes appelés à être sortis de la mer, lieu du mal, pour être sauvés.
Dans la foi, les disciples « savaient que c’était le Seigneur », alors « Jésus s’approche » comme il s’est approché des pauvres, des malades et des pécheurs, « il prend le pain et le leur donna et de même pour le poisson. » C’est comme à Emmaüs, c’est au partage du pain qu’ils le reconnurent. Le poisson grillé étant pour les premiers chrétiens le signe du Christ souffrant. (ICHTUS, le poisson en grec, l’anagramme signifie, Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur, Jesous ,Christos, Theou, Huois, Sôter.)
Cette troisième manifestation du Christ ressuscité aux disciples fait bien le lien entre la mort et la résurrection de Jésus et le commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus où celui-ci s’associe des disciples pour partager sa mission… Et cette mission continue.
Dans la deuxième partie de ce texte nous allons découvrir l’importance de Pierre pour la vie de cette communauté nouvelle inaugurée par la mort et la résurrection de jésus.
Par trois fois jésus demande à Pierre : « Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » – « Oui Seigneur ! Toi tu le sais, je t’aime. ». Pierre avait renié Jésus par trois fois, malgré les protestations véhémentes de sa fidélité… Ce n’est plus sur son assurance personnelle que Pierre devra assumer son service de pasteur des brebis (celles de Jésus, pas les siennes) mais en se fondant sur son amour fragile, pauvre mais confiant. Là est sa force et la source de sa mission. Le Ressuscité confie son troupeau à ses disciples mais ce n’est que dans la foi et l’amour qu’ils pourront exercer ce service pour la vie de tous, à la suite de Jésus le Serviteur, le seul bon berger.
Oui, Jésus mort et ressuscité continue de nous accompagner dans nos traversées périlleuses de la mer et de l’histoire… Il est toujours là sur nos rivages pour nous partager sa présence comme une nourriture pour nous donner et nous redonner le goût de son amour et la force d’aimer nos frères.
Frère José Kohler