DIEU N’A PAS FAIT LA MORT (Marc 5, 21-43)
COMPRENDRE
Comme toujours le dimanche, première lecture et évangile s’éclairent mutuellement. L’évangéliste relit toute l’Écriture à la lumière de la mort et de la résurrection du Christ, vainqueur de toute mort ; non pas de la mort biologique mais de celle qui nous coupe radicalement de Dieu, source de toute vie. Parce que Dieu « n’a pas fait la mort et ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants », il a envoyé son Fils afin de nous rendre à nous-même, nous « réveiller de notre sommeil » pour faire de nous des vivants, de cette vie qui nous vient de Lui. Écoutons cette très ancienne hymne baptismale : « O toi qui dors, éveille-toi, le jour a brillé, d’entre les morts relève-toi, sois illuminé. »
Du coup, je peux relire cet évangile à la lumière de la vie du monde, de ma propre vie. Cette fillette qui se meurt, sans espoir, ne serait-elle pas à l’image de notre monde ? Et moi, baptisé dans la mort et la résurrection du Christ, est-ce que j’entends l’appel de Jésus à me lever, me réveiller, ressusciter ? Je demande la grâce d’une vie renouvelée, revigorée.
MEDITER
Immergeons-nous dans la scène. L’évangile est à accueillir, à vivre, avec tous nos sens. Nous voici au bord du lac, au milieu de cette foule compacte qui cherche à voir, à entendre, à toucher Jésus. Fendant la foule, un homme important, chef de synagogue, tombe à genoux devant Jésus et l’implore : « Ma fille est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Contemplons la foi et l’humilité de Jaïre qui s’en remet tout entier à Jésus, maître de la Vie.
Touché par la détresse de ce père, Jésus se met aussitôt en chemin. Mais des gens accourent : « Ta fille vient de mourir, à quoi bon déranger le maître. » Laissons résonner ce « à quoi bon » qui rejoint le cri des disciples d’Emmaüs « et nous qui espérions… ». Ne l’entendons-nous pas dans la bouche de tant de français en cette période électorale ? « A quoi bon ! » Cela ne cache-t-il pas le secret désir de trouver un « sauveur » qui redonnerait sens à notre vie, ouvrirait un chemin, serait pour nous un roc sur lequel nous appuyer en toute confiance ? En qui donner notre foi ?
Jésus prend alors les choses en mains. Il n’a que faire des railleries de la foule désabusée. Prenant avec lui Pierre, Jacques et Jean, il se rend auprès de la fillette. Il doit accomplir sa mission.
Contemplons longuement l’attitude de Jésus : il la regarde et lui prend la main. Lorsque Jésus nous prend la main, c’est pour nous transmettre toute sa puissance de vie et d’amour. Ai-je le désir de me laisser prendre la main par Jésus, de m’abandonner à lui, de recevoir de lui la vie ? Puis il lui parle avec autorité : « Talitha koum. Jeune fille, je te le dis, lève-toi. » « Lève-toi », en grec « égeiré », c’est-à-dire « réveille-toi ». C’est le mot utilisé pour dire la résurrection de Jésus. C’est l’opposé du mot « dormir » que Jésus avait utilisé plus haut pour parler de la mort. Oui, pour Jésus, la mort n’est plus tout à fait la mort, c’est un sommeil avant un éveil, un passage.
« Aussitôt, la jeune fille se leva et se mit à marcher. Ils en furent complètement bouleversés. » Ils sont au seuil du « mystère » qui ne se révèle qu’à ceux qui ont la foi, qui font l’expérience intérieure de la vie en abondance donnée par le Ressuscité.
PRIER
Dieu notre Père,
Toi le Vivant,
Tu fais de nous une image
de ta propre identité.
Ta puissance de Vie en nous
est inaltérable.
Viens combattre en nous
toutes les puissances de mort.
Donne-nous simplement de croire
en ton Fils Jésus-Christ,
vainqueur de toute mort.
Frère Nicolas Morin
