Pour une prière vivifiante.
Nous continuons notre réflexion sur la prière avec saint Luc. La Parole de Dieu nous provoque !
Le texte de Ben Sira le Sage nous parle de l’attitude de Dieu : « Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la parole de l’opprimé… » Ces paroles datent de 180 avant Jésus Christ. Elles sont proches de celles des prophètes du premier Testament et proches aussi du message de Jésus.
Dieu comme le martèlent bien des prophètes écoute la prière du pauvre (contrairement à bien des responsables politiques), car il crie, il prie du fond de sa pauvreté, de son humanité douloureuse ; il aspire à être reconnu, à exister vraiment, il aspire à vivre de tout son être. Et Dieu, le Père de toute vie entends son cri, son désir profond. Le désir de Dieu c’est que tout homme puisse grandir, trouver sa place. L’amour de Dieu est plus profond encore que l’amour d’un père, d’une mère qui désirent que leurs enfants puissent s’épanouir en humanité.
Et Jésus aujourd’hui va nous provoquer par une parabole : une petite histoire destinée à nous faire réagir, à sortir de notre zone de confort.
Le pharisien (du moins ce pharisien), est bien sous tout rapport ; il s’en donne du mal pour plaire à Dieu et être dans les normes et même un peu plus. Bravo ! Mais là où le bas blesse, c’est qu’il est tellement content de lui qu’il n’attend rien de Dieu, si ce n’est d’être bien vu ! De plus nous dit saint Luc « Il était convaincu d’être juste et méprisait les autres… » (ça c’est le péché par excellence dans l’Évangile!)
Le publicain, lui, a conscience d’être dans le péché, sur la mauvaise voie : il est traître à sa patrie, il s’est allié aux occupants et perçoit des impôts au delà de ce qui est demandé officiellement (comme notre ami Zachée). Mais il se tourne vers Dieu pour lui dire la pauvreté morale de son existence (même s’il est riche d’argent). Il fait confiance à Dieu pour l’aider à sortir de son péché.
Alors comment nous situer devant cette parabole provocante ? Dieu ne nous demande pas de nous humilier, il est heureux du bien que nous faisons, il se réjouit que nous soyons bien vivants. Mais il est triste quand nous nous enfermons sur nous-mêmes, quand nous nous regardons le nombril plutôt que d’accueillir la vie, la nôtre et celle de nos frères et sœurs. Et il est encore plus triste quand nous méprisons nos semblables au nom de notre perfection ou de nos principes si beaux soient-ils.
Seigneur Jésus, tu t’es fait proche des petits et des pécheurs, aide-nous à ouvrir nos cœurs et nos mains pour que ton amour puisse être partagé et accueilli par chacun. « Heureux les pauvres de cœur car le Royaume des Cieux est à eux. »
Frère José Kohler