Nous commençons ce dimanche la lecture continue de l’Évangile selon St Luc. Une lecture, aujourd’hui en deux parties : le prologue de l’Évangile de Luc et le début du ministère public de Jésus.
Dans son prologue, St Luc nous indique ses intentions : rassembler, comme les autres évangélistes l’ont fait, un récit des évènements tels qu’ils ont pu les recueillir auprès des témoins oculaires. De façon que ceux qui entendront ou liront cet évangile soient convaincus de la véracité de ce qu’ils ont entendu raconter au sujet de Jésus. Et nous faisons partie de ces gens qui doivent sans cesse se poser la question : ce que je pense, ce que je crois, ce que j’imagine du Christ, cela correspond-il à ce que Jésus de Nazareth a dit et fait ? C’est pour cela que le pape François a voulu faire de ce dimanche, le dimanche de la Parole pour nous rappeler, je cite : « l’urgence et l’importance que les croyants doivent réserver à l’écoute de la Parole du Seigneur tant dans la liturgie que dans la prière et la méditation personnelle ». C’est St Jérôme qui a cette phrase célèbre : « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ». Car l’écoute de la Parole de Dieu ouvre l’accès au sentier des Béatitudes, l’accès au chemin qui nous amène à devenir enfants de Dieu. C’est ainsi que St Luc décide d’écrire pour un certain Théophile, prénom prémonitoire signifiant « l’amoureux de Dieu », qui veut en savoir davantage sur Jésus et son message . « Je vais écrire pour toi un exposé suivi des faits et gestes de Jésus afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. » Et bien ce matin, c’est nous qui sommes Théophile, nous qui sommes venus comme chaque dimanche pour entendre Jésus nous parler, pour mieux le connaître, pour mieux l’aimer et mieux le suivre.
Aujourd’hui, dans l’Évangile selon St Luc, Jésus commence son ministère public par une visite à la synagogue de Nazareth où il a grandi. Le nom de Jésus est sur toutes les lèvres. Car ce fils du pays, au demeurant bien considéré, chez qui on allait volontiers lorsqu’on avait un travail de menuiserie à faire exécuter, un beau jour, avait tout abandonné sans crier gare pour circuler à travers la Galilée, faire des discours et même, parait-il, guérir des malades ! C’était un évènement de le revoir. Il avait l’habitude de lire dans cette synagogue, nous dit St Luc. Aussi on lui remet le livre d’Isaïe où il trouve le passage qu’il voulait « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction …». Ce texte très connu constitue l’une des principales prophéties au sujet du Messie. Que va en dire Jésus ? Eh bien, « Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». C’est inouï, c’est à dire jamais entendu ! Personne jusqu’ici n’avait osé parler ainsi. Tous les rabbis, tous les docteurs de la loi et même tous les prophètes avaient toujours parlé au futur pour rappeler les promesses de Dieu, ranimer la foi et l’espérance du peuple, ranimer son désir du Messie. Les gens se disent entre eux : « Il a bien dit : Je suis venu annoncer la Bonne nouvelle aux pauvres, apporter aux captifs leur libération, aux aveugles la lumière, aux opprimés la délivrance, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur ». Et s’il dit qu’Aujourd’hui cette Parole de l’Écriture s’accomplit c’est que Jésus nous fait comprendre qu’il est en personne la Parole Vivante de Dieu le Père. Le Verbe de Dieu fait chair » dira St Jean.
Quand nous sommes rassemblés pour notre liturgie dominicale comme aujourd’hui c’est d’abord pour écouter la proclamation de la Parole de Dieu, comme elle est faite par Esdras, devant le peuple réuni, comme elle est faite, dans l’office à la synagogue chaque sabbat, comme elle est faite, chaque dimanche à la célébration eucharistique. Dieu rassemble son peuple pour s’adresser à lui, pour lui annoncer cette bonne nouvelle : c’est que Dieu a décidé une fois de plus de faire grâce.
Une année de grâce s’ouvre devant nous ; une année de bienfait. Qu’attendons-nous de notre participation à l’eucharistie du dimanche, sinon un renouveau de notre foi et de notre espérance, qu’attendons-nous sinon un renouveau de force et de joie dans la communion au Christ ?
C’est l’acte de foi fondamental de toute notre communauté chrétienne que d’accueillir cette parole de Dieu comme une parole d’actualité. Cette Parole a une force particulière lorsqu’elle est proclamée et célébrée en communauté. Elle facilite le passage de l’accueil de la Parole. de notre oreille à notre cœur. Et si l’on se nourrit ensuite de chacun de ses passages de l’Écriture en les ruminant, on peut y découvrir que chaque mot de Jésus devient aussi bien une douceur apaisante qu’un faisceau de lumière brûlante : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous quand Jésus nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures » se disaient les disciples d’Emmaüs !
Lire, écouter, prier la Parole de Dieu, et particulièrement l’Évangile, c’est découvrir le battement du cœur même de Dieu, caché sous l’écorce de la lettre. Mais c’est aussi y découvrir, comme pour les disciples d’Emmaüs, un irrésistible appel de Jésus à porter l’Evangile de la miséricorde et de la tendresse de Dieu, au cœur du monde.
Jésus le Fils du Père est bien au milieu de nous ce matin, par sa Parole et par le Pain et le Vin consacrés. Accueillons-le alors avec un cœur aimant et une foi totale.
Gérard Barthe