Homélie du dimanche 20 avril 2025, dimanche de Pâques – Année C, du frère Max de Wasseige

Pour le jour de Pâques, on aurait préféré : un texte plus fort, une Résurrection plus éclatante, des signes plus probants, un Jésus éclatant de lumière piétinant sa croix comme sur les icônes. Et Saint Jean nous parle d’un tombeau vide, d’un linceul resté là, d’un Seigneur enlevé. Que les signes sont pauvres pour fonder une religion, orienter des vies, changer la Vie. Jean, d’ailleurs, évoque une aube mal dégagée des ténèbres. Le scandale de la mort plane encore.

Les femmes et les disciples avaient tellement misé sur cet Homme. Il était tellement autre. Il y avait tellement d’harmonie entre son « dire » et son « faire ». Son regard et  sa parole étaient  restés incrustés dans le cœur des disciples. Il fallait du temps pour se séparer d’un tel homme. Le deuil ne pouvait se faire en un jour !

S’il avait déçu, on aurait pu s’accrocher à la déception pour que la souffrance soit moins forte… Mais il a guéri la Marie. Il a regardé  Pierre après son reniement et quel regard ! Et Jean sent encore le cœur de Jésus  battre si fort ! Regardons- les au tombeau. Peut-être qu’ils nous aideront à faire le passage du cérébral au cœur, du sur-place à la marche voire à la course… car tout le monde court dans cet Evangile ! 

Marie de Magdala : Une femme d’abord et pas n’importe qui : Luc nous  dit qu’ellea étéguérie et il ajoute : « 7 démons étaient sortis …» C’est une  plénitude car elle avait du tempérament ! Nikos Kazantzakis dira : « On l’accusait d’avoir en elle 7 démons, elle avait 7 couteaux dans le cœur ! » Elle avait suivi Jésus depuis la Galilée. A la croix elle regardait à distance. Son cœur ne la laisse pas en paix, il faut qu’elle revienne auprès de Celui qu’elle a accompagné jusqu’à la croix.

Elle vient dans une démarche de tendresse et de pitié pour retarder la séparation. C’est le temps des pleurs, du désarroi, du « ce n’est pas possible » Elle doit encore apprendre à vivre l’absence, à gérer son deuil et elle découvre un tombeau vide. « On a enlevé mon Seigneur !  Où est-il ? » « Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » (Cantique III 3)  Jésus sera-t-il persécuté jusque dans la tombe ? Et c’est avec un cœur chaviré qu’elle court trouver  les deux disciples.

Pierre et Jean : De nouveau, c’est la course : Pierre et Jean courent ensemble. Il y a une grande  proximité entre ces deux hommes présents à la Passion qui fut douloureuse pour les deux, l’une dans son reniement et l’autre dans sa fidélité. Mais Jean court plus vite. Est-ce seulement l’âge ? N’est-ce pas l’Amour qui donne des ailes ? N’est-ce pas tout simplement l’élan du cœur ?  Il arrive le premier, voit le linceul mais ne rentre pas dans le tombeau. Jean laisse passer Pierre ; il a le sens de la hiérarchie. C’est Pierre qui devra annoncer en son temps le mystère de l’Absent. Pierre rentre le premier dans le tombeau et il regarde les linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus. IL s’interroge sans comprendre !

Jean rentre à son tour : il découvre les signes d’une présence. Le disciple bien-aimé a tout saisi. L’amour seul a les  yeux clairs : « Il vit et il crut ». Bien sûr que les signes  sont fragiles, mais seul l’amour leur donne sens, fait signe.    Bien sûr que les signes sont modestes. Nul n’a jamais vu  Jésus sortir du tombeau. Il ne s’est pas montré ressuscitant. Notre Dieu  restera toujours caché.

On ne parle pas facilement de la Résurrection pas plus qu’on ne parle aisément de la Vie, de l’Amour, de tout ce qui est vivant. Mais la Résurrection se fait encore à travers nos vies, nos joies, nos souffrances. Elle peut encore rentrer aujourd’hui  dans nos vies  Progressivement, amoureusement, infiniment !

Frère Max de Wasseige

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