« Que tous soient un » (7e Dim. Pâques C 2025)
L’événement que nous rapporte la première lecture est vraiment majeur dans l’histoire de l’Eglise. Il s’agit du premier martyr chrétien. Un diacre, est pris dans la tourmente qui secoue le christianisme naissant. Ceux-là même qui ont crucifié Jésus entendent ne pas laisser ses disciples répandre l’erreur pour laquelle ils ont condamné le maître. Etienne est emprisonné et jugé. Or, devant le tribunal qui l’interroge, Etienne proclame hautement sa foi en Jésus, Fils de Dieu, Sauveur ressuscité. Pour cela il est lapidé.
Nous avons du mal à réaliser que pendant trois siècles, l’Eglise a vécu dans le risque permanent de la persécution. Alors qu’au départ ils ne représentaientpresque rien, les chrétiens sont apparus très vite comme un danger pour les pouvoirs en place. De Jérusalem à Rome, on cherche à les faire disparaître. Mais malgré cela les communautés se multiplient et se développent.
Voici qu’à l’orée du quatrième siècle, l’empereur lui-même se déclare chrétien. Tout change alors pour l’Eglise. Un autre risque la menace c’est de tomber dans le pouvoir, le confort et la sécurité. Mais au moment où bon nombre de chrétiens acceptent les compromis du monde, on constate un mouvement inverse qui porte d’autres chrétiens vers le désert et la vie de pénitence. C’est un grand mouvement de protestation et une réponse à la tentation de pouvoir, de l’avoir et de la reconnaissance.
Mais dans son merveilleux discours d’adieu avant de nous quitter, Jésus veut encourager ceux qui restent dans le monde et veulent vivre de sa vie. Jésus va être séparé des ses amis et mené vers la Passion. Enoncé par un homme qui sait qu’il va être réduit au silence, ces mots ont la force d’un Testament. Jésus ne parle pas à ses amis mais à son Père qu’Il va bientôt rejoindre. Cependant les hommes auprès desquels il a été envoyé sont au cœur de sa prière.
Ainsi, en quelques mots denses et concis, Jésus livre son désir. S’Il est venu parmi les hommes et s’il accepte de marcher vers la mort, c’est que, par lui, et en lui, l’homme et Dieu soient un et que cette unité soit un jour celles des hommes entre eux. Quand on regarde le monde, cette unité est morcelée dans tous les sens. Mais cette unité restera toujours le désir profond de Dieu.
Dans ce sens, l’Evangile de ce jour met l’accent sur une petite phrase essentielle : « Qu’ils deviennent un…afin que le monde sache que tu m’as envoyé ». Autrement dit, le seul signe que Jésus laisse à ses frères pour reconnaître sa nouvelle présence au milieu d’eux, ce n’est pas notre organisation hiérarchique, la beauté de notre liturgie, la cohérence de nos dogmes, mais le signe de l’amour vécu, la qualité de nos relations fraternelles quotidiennes.
Vivre comme frères et soeurs! Voilà la première conversion et le premier acte missionnaire des croyants ! Vivre comme des frères doit être une Bonne Nouvelle en actes, une action prophétique pour tous les hommes. Toute communauté chrétienne locale doit tendre à être un signe visible, lisible qui manifeste que le Christ est vivant, que son Règne, celui de l’amour s’est approché de nous.
L’évangélisation se fait d’abord par rayonnement, par contagion de la vie fraternelle. « Voyez comme ils s’aiment ». Toute communauté chrétienne doit tendre à devenir une ébauche modeste mais réelle du Royaume de Dieu dont Jésus a jeté les semences en notre terre. A travers la qualité de nos relations, c’est un peu le Royaume qui émerge lentement au sein de ce monde si divisé.
« Nous ne serons vraiment des hommes qu’en faisant rayonner dans le monde plus de vérité et plus d’amour » (Maurice Zundel)
Frère Max de Wasseige