Persévérance dans la prière
Les textes d’aujourd’hui nous parlent de la persévérance dans la prière. Vous connaissez sans doute ce merveilleux récit de la tradition orthodoxe : « Le récit du Pèlerin russe » où un pèlerin découvre que Saint Paul demande de « prier sans cesse » (I Th. V 17) Et après bien des recherches, il trouve un starets qui lui dit : « c’est tout simple, il suffit de dire sans cesse : Seigneur Jésus, prend pitié de moi pêcheur ». Et il s’en va sur les routes avec cette parole. Toute sa vie est transformée. La nature, les rencontres, les événements.
La première lecture, d’une façon amusante, nous parle aussi de la persévérance dans la prière. Imaginons la scène : Dans le combat contre les Amalécites, quand Moïse tenait les mains levées, Israël était le plus fort. Mais dès que Moïse, fatigué, baisse les mains, alors Amalec gagne ! Il faudra le soutient d’Aaron et Hour pour renverser la vapeur. Une telle pratique pourrait faire penser à des rites magiques !
Mais derrière cette histoire amusante on peut retirer quelques leçons : D’abord Moïse a besoin des ses frères pour le soutenir dans sa mission difficile. Ensuite Moïse, comme prophète, intercède pour les siens. Il a déjà rempli cette fonction lors de l’affaire du veau d’or. Il dira à Yahvé : « Pourquoi, ta colère s’enflammerait contre ton peuple, que tu as fait sortir d’Egypte » (Ex 32 11) La prière de Moïse, les mains levées, est un modèle de prière persévérante que la liturgie met en parallèle avec la parabole sur la nécessité de toujours prier sans se décourager.
La Parabole joue volontiers sur les paradoxes et les extravagances. D’un côté un juge dont la mission devrait être normalement de « faire droit à l’orphelin et de plaider pour la veuve » (Is I 17) « mais qui ne respect pas Dieu et se moquait des hommes » De l’autre une veuve sans appui et sans pouvoir. La veuve n’a aucune chance d’obtenir satisfaction. Et pourtant sa foi à déplacer les montagnes a finalement convaincu le juge impie et sans cœur à céder non par une bonté subite ni à cause de Dieu, mais par égoïsme, pour que la veuve cesse de lui casser les pieds.
Mais on peut se poser la question : «Et si sa requête n’avait pas été exaucée ? » Faudrait-il en conclure qu’elle n’avait pas assez de foi ? Non, car si la prière est bien liée à la foi, le fait d’être exaucé ne l’est pas nécessairement. Nous en faisons tous l’expérience ! Que de fois n’avons-nous pas prié avec cris et larmes sans être exaucé ! Car notre prière ne suit pas toujours les chemins que nous désirons.
Ne perdons pas confiance car notre prière est entièrement dans les mains de Dieu. Lui sait très bien ce qu’il faut faire de notre prière. La prière nous soutient comme elle a fortifiée cette veuve dans sa quête de justice. Elle est notre espérance fondée sur la parole de Jésus et son amour nous donne d’aimer avec une grande patience malgré les difficultés. Car nous élevons nos mains vers Dieu qui a de bonnes mains !
Le juge auquel nous adressons notre prière n’est pas inique, et la Parabole repose sur cet effet de contraste : si même un juge inique finit par rendre justice, à plus forte raison Dieu répondra à nos cris. Car ce Dieu dont nous parle Jésus n’est pas seulement un juste juge, il est justice. Justice d’ores et déjà donnée, accomplie, acquise. Mais alors pourquoi demander ? Par ce que nous ne sommes pas encore dans le Royaume où toutes les justices s’épanouiront et verront le jour.
Tu n’es pas seulement juste, tu es la justice
Et si nous crions à toi nous crions à la justice
Mais donne nous, comme Moïse, de tenir sans cesse les mains levées
Frère Max de Wasseige