L’Evangile d’aujourd’hui décrit des événements terribles :
D’abord, il est question de la destruction du temple. Celui-ci a été l’objet de travaux importants entrepris sous le règne d’Hérode et qui se terminent à l’époque de Jésus. Ce temple faisait l’admiration de tout l’empire romain. J’ai lu que l’esplanade où il était bâti mesurait 144000 m², soit neuf fois la surface actuelle de la basilique Saint-Pierre ! Il y avait plus de 7000 prêtres et 11000 lévites qui officiaient. Les pèlerins devaient être très nombreux et dépensaient beaucoup d’argent comme offrandes, sacrifices.
Alors que des disciples admirent ce monument, Jésus annonce qu’il va être bientôt détruit : il n’en restera pas pierre sur pierre. L’expression est restée célèbre. Comme il l’a prédit, ce temple a été détruit en 70 par l’empereur Titus, Les juifs, opposés à l’occupation romaine devenaient menaçants pour l’ordre public.
Quand les disciples demandent à Jésus quand cela arrivera, il ne répond pas directement à la question, mais laisse entendre que c’est imminent. Il enchaîne avec des prédictions inquiétantes :
Une question va dès lors nous brûler les lèvres : ce qu’a annoncé Jésus se réalise-il aujourd’hui : Voyons. Dans plusieurs pays du monde, les chrétiens sont persécutés ; des églises sont détruites, incendiées. Les guerres font rage : en Ukraine, en Israël et Palestine, au Congo, et au Soudan particulièrement. Pareillement, des soulèvements, des révolutions. Des famines sévissent dans les pays les plus pauvres et les plus mal administrés. Les séismes, les éruptions volcaniques ne sont pas rares. Des événements inquiétants surviennent : le réchauffement climatique, la fonte des glaciers qui provoque une élévation du niveau des mers et des océans, ce qui menace certains territoires, par exemple. Des signes venant du ciel : on peut penser aux cyclones et autres tempêtes, aux déluges, aux canicules et aux sécheresses extrêmes.
Enfin, Jésus insiste sur les persécutions. Elles ont lieu aujourd’hui, ponctuellement dans notre pays, mais à plus vaste échelle dans d’autres. Elles sont le fait de certains gouvernements, ou des adeptes d’autres religions, mais on constate aussi quelquefois une intolérance à notre foi de la part de nos proches : tout le monde ne comprend pas l’Evangile comme un message d’ouverture, de liberté, mais le voient plus comme un argument soutenant une morale au service d’un ordre qui asservit.
Alors, ce que Jésus a annoncé se réalisant, pouvons-nous nous dire que la fin du monde est proche ? On serait tenté de le penser. D’ailleurs, certains qui se font passer pour des envoyés de Dieu ne se privent pas de le dire. Ils ont prédit la fin du monde pour tel ou tel jour. Tant pis pour eux : ce n’est pas arrivé… Mais cela, Jésus l’a aussi annoncé : « beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! »
Selon toute évidence, les événements auxquels Jésus fait allusion ont lieu sans cesse. C’est l’histoire du monde sans cesse recommencée. Les premiers chrétiens voyaient le retour du Christ comme imminent. Mais il se fait attendre. Quand il arrivera, nous ne le savons pas. Jésus lui-même a dit que ce jour n’était pas connu de lui-même, mais du Père seulement.
La première lecture, du prophète Malachie, annonçait aussi le jour du Seigneur. Il sera brûlant comme une fournaise. Le feu, c’est en même temps ce qui purifie, éclaire, réchauffe, mais c’est aussi la destruction : ce sont les arrogants, ceux qui commentent l’impiété, qui subiront ce sort. Il nous faut relever l’expression magnifique employée par le prophète : Pour ceux qui craignent le nom de Dieu, c’est-à-dire Dieu lui-même, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. L’Evangile de Luc reprend sans doute la prophétie de Malachie lorsqu’il nous parle du Christ comme le soleil levant qui vient nous visiter.
Quels conseils retenir :
– D’abord le discernement. Les faux prophètes, les sectes ont de beaux jours devant eux. Il faut éviter ces beaux parleurs et leurs complotismes.
– Ensuite, la vigilance : Jésus nous le dit : « C’est par votre persévérance que vous garderez la vie. » Que veut-il signifier par ces mots ? Qu’il nous faut toujours être prêt à la venue du Seigneur : par la prière, bien sûr, mais aussi par notre espérance et par notre service de nos frères et sœurs. Ce n’est pas toujours facile de garder l’espérance alors que tant de voix, autour de nous, cherchent à nous en dissuader. Mais nous assistons à la fin d’un monde, à chaque génération. Pour chacun de nous, ce sera le jour où nous passerons sur l’autre rive, comme on dit.
– Enfin, la confiance. Le Seigneur ne nous laisse pas tomber : dans la persécution, les oppositions il reste proche, il soutient ceux qui souffrent. Quoiqu’il arrive, notre vie reste toujours dans la main du Seigneur.
Frère Dominique Joly