LA CROIX GLORIEUSE
La croix glorieuse ! Mais de quoi parlons-nous ? Apparemment nous sommes en pleine contradiction !
La croix : instrument de supplice infamant et réservé aux esclaves et aux non citoyens romains. La croix instrument de supplice terrible où on laissait le condamné mourir par une lente et douloureuse asphyxie aux yeux de tous…
La gloire, est souvent pour nous une réussite extérieure, clinquante, souvent artificielle…
Alors que nous dit l’Écriture aujourd’hui ?
L’Ancien testament évoqué par Jésus dans l’Évangile de ce jour, nous parle du serpent de bronze : le peuple au désert s’était révolté contre Dieu et à cause de cela, pensait-il, il avait été décimé par la morsure des serpents brûlants…Va-t-il se laisser subjuguer (se mettre sous le joug du mal) ou retrouver sens et espérance sur son chemin de libération. Moïse leur conseille de ne pas avoir peur, de regarder le mal en face, pour pouvoir se relever et être sauvé.
Saint Paul en reprenant un hymne primitif chrétien nous parle du Christ le Fils de Dieu qui contrairement à Adam (qui désigne l’Homme pécheur) n’a pas voulu s’emparer de sa dignité de Fils de Dieu, mais qui a été heureux de la recevoir comme un cadeau de Dieu son Père. Dans cet accueil confiant, dans cet abaissement vécu dans l’amour, il restaure notre relation brisée avec Dieu. Dieu n’est pas celui que nous pensons, il n’est pas celui qui nous écrase de sa toute puissance, mais celui qui se fait petit, proche de nous pour nous accompagner de son amour.
Le texte de l’évangile d’aujourd’hui, tiré de la rencontre avec Nicodème (Jean 3) nous invite à sortir de notre savoir théorique qui se veut tout puissant, pour accueillir Celui qui vient à la rencontre de notre humanité. Contempler la croix du Christ, ce n’est pas se complaire dans la souffrance, c’est contempler Dieu qui se donne à nous, qui donne le meilleur de lui-même, le plus profond de son amour son Fils Bien Aimé Jésus qui s’est fait notre frère en humanité…(nous pouvons prier devant la croix de saint Damien, chère à saint François, cette icône exprime bien le mystère de la croix : mort et résurrection)
Il n’a pas hésité à affronter notre souffrance et notre mort pour nous rappeler au risque de sa propre mort que l’amour de son Père est plus fort, plus profond, plus originel que le mal, que le péché qui nous a coupé de notre lien vital avec Dieu.
La Gloire de Dieu c’est son Amour, c’est d’être Amour totalement comme le dit saint Jean : « Dieu est Amour ». Amour qu’il nous partage, à nous qui sommes ses enfants bien-aimé. Amour qui est notre seule grandeur, notre seule gloire. « Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux ! »
Oui, comme le disait Jésus à Nicodème : il nous faut renaître. C’est le désir de Dieu pour nous ! Que cela devienne notre désir le plus profond. Elle est là notre Gloire !
Frère José Kohler