En quatre versets, l’évangile de ce matin est sans doute le plus court qui existe mais avec lui, nous atteignons le sommet de la Révélation. Ce passage fait suite à la question des Juifs : »Si tu es le Messie, dis-le nous ouvertement ». Et Jésus se présente à ces juifs et à ses disciples comme un berger, le Bon Pasteur. Il nous faut d’abord bien comprendre ce que cette image de Bon Berger nous dit du Christ. Le berger est quelqu’un qui porte la responsabilité d’un troupeau de brebis : il est essentiellement celui qui les guide, celui qui les protège et celui qui les conduit là où elles trouveront de quoi se nourrir. Et le livre de l’Apocalypse nous précise que, pour les brebis qui écoutent sa parole, l’Agneau qui est Jésus, les « conduira aux sources des eaux de la vie ». Mais déjà, demandons-nous quelle place de guide nous donnons au Christ dans notre vie présente ? Cherchons-nous à écouter sa voix ? Et acceptons-nous ensuite de le suivre ?
Tout d’abord, le bon Pasteur est celui qui appelle sans cesse les siens. Mais si nous regardons nos vies, il semble bien que le plus souvent nous savons d’avance ce que nous avons à faire chaque jour sans le demander au Seigneur. Nos journées sont faites de tant de routines, d’habitudes, de contraintes. Et quand avons-nous besoin du Christ pour nous guider ? Nous devrions répondre : tout le temps ! Mais Jésus ne viendra pas prendre les décisions à notre place. Il est trop respectueux de notre liberté ! Mais si nous le sollicitons, son Esprit viens guider toutes les orientations que nous prenons dans notre cœur, même les orientations les plus anodines ou les plus secrètes.
Quand Jésus nous dit qu’il connaît ses brebis, cela signifie qu’il nous aime et qu’il nous cherche. Il voit les points faibles de chacun et il veut prendre soin de nous. Et son amour va jusqu’à donner sa vie pour nous ! Sa tâche de Pasteur, il l’accomplit par une relation personnelle avec nous. Avec la douceur et la force du Berger, il nous mène à une connaissance intime de lui qui nous amène aussi à une connaissance plus profonde de nous-même. Mais cela ne peut se faire qu’en écoutant sa Voix. Cet appel à écouter le Seigneur, parcourt toute la Bible. Le Christ a repris cet appel « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu ». Et Pierre dira : « A qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ». Quelle chance nous avons d’être à même d’entendre la voix du Bon Pasteur. Tout baptisé devrait avoir cette conviction que la voix du Seigneur lui donne de vivre en plénitude. Mais pour cela, il nous faut le fréquenter dans sa parole, dans la prière, dans son Eucharistie, lui donner du temps et essayer de l’entendre au milieu d’un monde toujours pressé, un monde soumis à un déluge de messages et de voix plus fortes les unes que les autres. Sa voix ce sera une réminiscence de la parole de Dieu si nous la connaissons bien qui nous donnera un éclairage pour notre vie. Mais pour la plupart du temps ce ne sera pas un message oral. Un nouveau-né reconnaît très vite la voix de sa mère parce qu’elle passe du temps avec lui et cela le tranquillise ; de même si l’on passe régulièrement du temps à nous dire que l’Emmanuel, « Dieu avec nous » est là, penché sur nous, nous pourrons capter une lumière, une douceur, une joie indicible qui nous incitera à revenir souvent près du Ressuscité. Mais nous connaîtrons vraiment Jésus quand nous accepterons d’être pris dans son courant d’amour. Car il ne s’agit pas d’une connaissance de Jésus intellectuelle mais d’une connaissance amoureuse. Mais après avoir « entendu sa voix » il nous faut » suivre » Jésus dans une communion de vie et de partage, nous demandant d’aimer comme lui. Nous pouvons avoir peur de le suivre ou de ne pas être à la hauteur. Nous ne serons jamais abandonné. Le Christ ne se lassera jamais de nous car il nous prend dans sa main protectrice qui est aussi celle du Père car ils sont UN. Et rien ni personne ne peut nous arracher à leur amour pour nous. Et même, de cette intimité permanente avec notre Pasteur, de cet échange avec lui, jaillit la joie de le suivre en nous laissant conduire à la plénitude de la vie éternelle. Et c’est là que nous découvrirons que notre bon Pasteur c’est aussi celui qui unit et rassemble. Car si l’amour du Christ est si personnel qu’il atteint chacun comme s’il était le seul à exister devant Lui, il nous veut uni aussi comme Son peuple. L’Apocalypse nous invite à contempler l’achèvement de l’œuvre du Pasteur : « une foule immense que nul ne peut dénombrer, une foule de toutes nations, race, peuples et langues ». Voilà son dessein merveilleux : un peuple unifié, un seul Corps vivant du Christ. N’est-ce pas là ce que l’Esprit Saint a soufflé aux cardinaux pour élire notre nouveau pape ? Toute vocation est au service de cette communion avec Dieu et entre les hommes pour laquelle le Christ s’est offert. Notre devoir de chrétiens, c’est d’entrer dans un mouvement d’offrande et d’amour par lequel notre prière pauvre mais fervente agira avec celle de l’Église pour que Dieu puisse satisfaire les besoins de son peuple.
Ce dimanche, nous prions non seulement pour essayer de pallier aux manques de Prêtres, religieux, religieuses, laïcs actifs dont l’institution a besoin, mais plus profondément pour que l’humanité entière s’ouvre à la vocation qui lui est transmise par Jésus: tout homme est appelé à participer, dès maintenant, à la vie divine. Amen.
Gérard Barthe, diacre