Homélie du 13 novembre, 33ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

« Ne pas s’égarer »

Les textes apocalyptiques de ce dimanche ne sont pas faciles  à interpréter : Le prophète Malachie dira : « Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise ». Les gens de Thessalonique ne travaillaient plus car ils attendaient une fin du monde imminente. Et Saint Luc parlera de « tremblements  de terre, de famines, d’épidémies, de phénomènes effrayants… ». De tout temps, nombreux sont les gens qui se laissent attirer par les annonces des prophètes de malheur.

Il est vrai que l’année 2022 restera pour nous marquée par la guerre en Ukraine. Et à cela il faut ajouter les multiples craquements économiques, politiques et climatiques qui secouent nos sociétés. Et pour nous une épreuve supplémentaire,  les révélations révoltantes qui remuent profondément l’Eglise de France. L’Eglise a toujours été notre mère et notre croix, mais aujourd’hui la croix est bien lourde !

 Revenons à l’Evangile de Saint Luc, peut être nous donnera-t-il quelques consolations en ces temps troublés ?  Certains disciples de Jésus parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit… ». Et l’Evangile se poursuit en annonçant cataclysme et catastrophes qui ressemblent à s’y méprendre à une fin du monde.

Mais justement, ne nous méprenons pas. Quel plaisir Dieu pourrait-il prendre à semer la frayeur, la calamité et la mort ? Dieu crée,  il ne détruit pas. Dieu sème la vie et non la mort. D’abord il faut se souvenir que ce texte de Luc a été écrit entre les années 80 et 90, c’est-à-dire en pleines persécutions. Les termes de Luc ne sont pas alors une menace mais une réalité : « On portera la main sur vous, on vous persécutera ». Tout cela est entrain d’arriver à cette époque-là et Luc veut donner courage et réveiller l’espérance de chrétiens qui se font massacrer. 

C’est donc un texte de résistance qui nous dit que la foi est plus forte que la mort.  Les persécutions des chrétiens existent toujours dans le monde et tant de nos frères dans la foi en sont victimes. Mais pour nous aujourd’hui nous ne sommes pas menacés par la persécution. Ce qui nous guette le plus c’est l’indifférence. Mais  devant les révélations des abus spirituels, l’indifférence tourneen colère, stupéfaction et prise de distance par rapport à l’Eglise : « Je claque la porte, je suis trop déçu » Il faut être bien accroché pour rester fidèle malgré tout ! Luc terminera en disant : « C’est par votre persévérance que vous garderai la vie ».

Il y a aujourd’hui une attitude vitale qui consiste à se rendre présent, à ne pas s’absenter de cette vie mouvementée. Autrement dit,  être là, en conscience, habiter pleinement ce temps qui est le nôtre. Plus le monde est difficile, plus il faut le vivre  avec passion sans démission. Attitude simple mais pas évidente à adopter, d’autant moins que les incitations à la désertion, la dispersion, la distraction, la superficialité sont légion autour de nous. Mais la foi, c’est ce qui reste quand  tout s’écroule. C’est de cela qu’il faut témoigner. 

Saint François a vécu dans une Eglise infiniment moins spirituelle que la nôtre. Et voici ce que dit Bernanos : « Il est possible que Saint François n’ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des prélats. Il est  même certain qu’il en a plus cruellement souffert…Mais il n’a pas défié l’iniquité, il n’a pas tenté de lui faire front, il s’est jeté dans la pauvreté. ..Au lieu d’essayer d’arracher à l’Eglise les biens mal acquis, il l’a comblé de trésors invisibles… »

« Dans le cœur de l’Eglise ma mère, je serai l’Amour » (Sainte Thérèse)

Frère Max de Wasseige

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