10ème dimanche ordinaire B : traverser la peur
Les premiers chapitres de la Genèse nous montrent que dès l’émergence de sa conscience, l’homme a eu du mal à se situer vis-à-vis de Dieu, croyant que ce Dieu était en face de lui comme une limite à sa liberté et à son désir d’autonomie. En réalité L’homme se méfiant de Dieu va très vite être conduit à jalouser et à s’opposer à ses semblables perçus eux aussi comme des concurrents. Et lorsque l’homme s’est isolé dans son refus de Dieu, ou dans sa méfiance des autres, il a découvert au fond de sa conscience un grand malheur : celui de se trouver nu, c’est-à-dire privé de toute sécurité: et l‘homme va alors connaitre la peur: « Dieu appela l’homme et lui dit « où es tu ? » et l’homme répondit « J’ai entendu ton pas dans le jardin, j’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. » Qui peut dire qu’il n’a jamais connu cette peur qui à la fois nous met à nu et à la fois nous déplace? La peur me dénude en me faisant apparaitre dérisoires mes protections mises entre moi et le monde, entre moi et autrui, entre moi et Dieu. La peur me déplace en provoquant en moi soit la fuite –je me suis caché – de moi, de Dieu, soit la jalousie et la colère qui peuvent me mettre hors de moi jusqu’à la violence, comme ce sera le cas de Caïn vis-à-vis d’Abel. Pour Adam et Eve, cette peur engendre la mauvaise foi : Adam rejette la faute sur sa compagne qu’il vient d’estimer idéale, Eve rejette sa responsabilité sur le serpent. Dieu maudira Satan qui persiste à faire douter l’homme de l’amour de Dieu et Dieu de la fidélité de l’homme. Mais parce que Adam a reconnu devant Dieu qu’il était nu et lui a avoué sa peur, Dieu ne laissera pas l’homme et la femme au pouvoir de la « force » qui les a séduit. Le premier geste rédempteur de Dieu sera, tout de suite après cet épisode, de vêtir l’homme et sa femme de tuniques de peau» c’est-à-dire qu’il leur redonne une sécurité, une dignité mais surtout une nouvelle confiance en eux et en Dieu. Il va ensuite renvoyer l’homme à sa conscience et à sa responsabilité : « Qu’as-tu fait là? » L’homme est invité à regarder et à découvrir qu’en s’éloignant de Dieu ou de ses frères pour vivre « sa vie », il se bâtit une existence malheureuse où chacun doit sans cesse se cacher et se protéger de l’autre. Le Seigneur me demande de ne pas me voiler la face devant ce qui est source de peur en moi. Car celui qui ne veut pas voir la cause de sa peur ne peut pas connaître la valeur du courage qui lui redonnera confiance en lui. « Devant la menace des serpents qui faisaient périr par leur morsures hommes, femmes et enfants du peuple hébreux,, Moise brandit un serpent d’airain et chaque membre qui était capable de le fixer des yeux était sauvé ». Chaque fois que nous ressentons le monde et autrui comme une menace, chaque fois que nous nous sentons nu devant cette menace, crions notre peur à Dieu comme le psalmiste : « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur. Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière ». Et nous saurons alors que près du Seigneur abonde l’amour et le pardon. »
C’est aussi la peur qui motive la démarche des scribes car Jésus dérange leur « religion » par ses actes et ses paroles. Et cette peur va les conduire à cette absurdité qui consiste ici, et c’est là que se situe le péché contre l’Esprit, à s’obstiner à maintenir le carcan de leurs pensées envers et contre tout, fusse contre Dieu même, au point d’appeler démoniaque ce qui vient de Lui. Cette obstination des autorités juives à ne pas vouloir voir l’amour de Dieu dans sa personne a été la principale souffrance de Jésus pendant sa vie au milieu de nous. Mais Jésus qui n’abandonne jamais de sauver tous les hommes voudrait que les scribes mesurent d’abord l’importance de leurs paroles. « Dieu pardonne tout aux enfants des hommes, mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’obtiendra jamais le pardon. » Ce n’est pas Dieu qui ne veut pas pardonner. Mais en disant « non » volontairement à la vie que Dieu offre, en s’enfermant en eux-mêmes et en s’inventant leurs propres lois, en repoussant lucidement toute action de Dieu envers eux, ils se blindent contre la tendresse divine. Et face à une telle attitude, Dieu ne peut plus rien, lui qui nous a fait libres et entend respecter, jusqu’à la fin, nos choix faits en toute connaissance de cause et en toute responsabilité.
C’est encore la peur qui motive la démarche de la mère et des frères de Jésus, de vouloir ramener Jésus avec eux en affirmant qu’il a perdu la tête. Car Marie, comme toute mère, a peur pour son Fils et croit bien faire en ayant souci de lui. Pensez donc: non seulement Jésus ne se nourrissait plus pour répondre à toutes les attentes de ces hommes et femmes qui l’entouraient – à ce rythme là, c’est sûr, il ne tiendrait pas longtemps -mais en plus il se mettait en danger en s’attirant les foudres des autorités religieuses. Quelle mère n’aurait pas réagi ainsi ? Mais quand Jésus apprend que sa mère et ses frères le cherchent, il profite de l’occasion pour dire que sa mère, ses sœurs, ses frères, sa famille ce sont tous ceux qu’il voit avec amour auprès de lui et qui acceptent d’apprendre à regarder plus loin qu’eux-mêmes, à s’ouvrir à l’amour de Dieu et des frères et sœurs en humanité. Car Jésus est très conscient que le démon voudrait l’enfermer dans les limites de sa famille ou de son village alors que c’est à tous les hommes qu’il est envoyé. Ce que dit Jésus peut paraître dur pour sa mère. N’en doutons pas : Jésus a aimé sa mère d’un amour qui allait beaucoup plus loin que les liens humains du sang. Mais, et cela ne peut que nous la rendre plus proche, Marie n’avait pas tout compris de Jésus dès son premier « oui ». Elle avait encore un « oui » essentiel à donner car elle n’avait pas encore compris ce que Jésus lui avait fait vivre quand il avait 12 ans et ces paroles énigmatiques : « Ne savez vous pas que je dois être aux affaires de mon père ». Marie avait encore à accepter dans son cœur que son Fils ne lui appartienne plus, que sa destinée soit désormais entre ses mains à lui. Elle avait donc à accepter ce glaive douloureux annoncé par Simon : la passion et la mise à mort de son fils. Ainsi, les multiples peurs qui parasitent nos vies ont toutes pour horizon la peur de la mort, la peur de ce qui ne se voit que trop quand on prend de l’âge ou qu’on est gravement malade : la peur de voir cette tente provisoire notre corps terrestre, être éprouvée, s’abimer, pour être ensuite détruite. Mais Jésus a accepté de traverser la mort, d’en porter toute l’angoisse pour en être victorieux. Et St Paul nous dit qu’il nous faut maintenant nous attacher à ce qu’on ne voit pas et qui est éternel. Car Jésus Ressuscité vient désormais à la rencontre de chacun de nous, dans nos petites morts comme dans la dernière de notre existence, pour nous dire :« Ne crains pas, je suis là, aie confiance ! » Car il prépare à chacun de nous ce que nous ne pouvons voir encore : une maison éternelle, notre corps céleste, faite avec les morceaux de nos vies où nous auront aimé Dieu et nos sœurs et frères de tout notre coeur. Et nous connaîtrons alors avec eux la Paix et la Joie éternelles de notre Père des Cieux.
Gérard
Ainsi pour nous comme pour Marie, et comme le dit si bien St Paul, « notre regard ne doit pas seulement s’attacher à ce qui se voit et qui est provisoire mais surtout à ce qui ne se voit pas et qui est éternel ».
éternelle qui n’est pas faite de main d’homme.
iici bas se dégrader entendons le nous dire il y a de nombreuses maisons qu’il nous prépare. Chacun de nous peut être assuré qu’il construit avec nous quand nous le fréquentons régulièrement une maison où nous vivrons éternellement dans la Paix et la Joie de Dieu le Grand Vivant. ,On ne voit que l’homme extérieur, cette tente provisoire, éprouvée, vouée à la destruction. Mais au matin de Pâques, le premier don du Ressuscité, qui signe sa victoire sur la mort est la parole qui libère de la peur : « c’est moi ! Ne craignez pas ! »Je vous prépare une maison éternelle qui n’est pas faite de main d’homme
On ne voit que l’homme extérieur. Si la peur est inhérente à la nature humaine, la peur a besoin comme toute réalité humaine d’être évangélisée. Et ce n’est pas en l’ignorant que je la dompterai mais c’est transfigurée sous le regard divin sous le regard du Seigneur que je dois dire et même crier ma peur pour qu’elle soit en mesure d’être guérie et comme en la nommant que je l’apprivoiserai: c’est sous le regard mais en la regardant en face, comme les hébreux qui devait regarder le serpent d’airain pour être guéris des morsures de serpents, en la criant à Dieu et en la nommant. Toute l’Écriture n’est là que pour nous montrer combien Dieu nous aime et s’afflige devant notre refus de devenir ce que nous sommes : des êtres aimés et faits pour aimer, des êtres à son image.
L’histoire aujourd’hui du premier péché qui est aussi l’histoire de tout péché, nous montre que de la Loi vivifiante
comment se fait il qu’en fréquentant Jésus depuis si longtemps, on puisse encore passer à côté de son identité ? Fréquenter Jésus Christ ne suffit pas. Il faut passer d’un 1er regard charnel à un regard qui voit en profondeur comme le dit si bien St Paul. le 1er regard nous montre cette tente qui est notre demeure sur terre, , provisoire, éprouvée, voué à la destruction. Si nous nous laissons quotidiennement renouvelés par Dieu selon la promesse d’Ezekiel : « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés..je vous donnerez un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » un deuxième regard nous fera voir l’homme allant vers son accomplissement dans la maison éternelle que nous réserve Dieu..
La Parole de Dieu de ce dimanche veut nous aider à réfléchir sur la façon dont l’esprit du mal et la mauvaise volonté peuvent s’installer dans notre cœur. Mais elle nous montre aussi comment le Seigneur nous tend la main quand nous commençons à dériver, si toutefois nous ne nous enfermons pas dans un refus systématique.
Avec Jésus espérant toujours convertir le cœur des hommes va utiliser les mots de ses accusateurs pour essayer de leur faire comprendre que c’est lui Jésus qui est venu dans la maison de Satan pour le ligoter et rendre libres tous ceux qui lui étaient soumis